Chris Hedges

Le jeu de la tuerie, oeil pour oeil et dent pour dent, ne prendra fin que dans l’épuisement, quand la culture de la mort nous aura affectivement et physiquement brisés. Nous utilisons nos drone, nos avions de combat, nos missiles et notre artillerie pour déchirer les murs et les plafonds des maisons, souffler les fenêtres, tuer ou blesser ceux qui se trouvent à l’intérieur. Nous décapitons bien plus d’individus, y compris des enfants, que nos ennemis djihadistes. 

Nous avons orchestré la rage des dépossédés. Le mal du terrorisme a été engendré par le mal du capitalisme prédateur global et de la guerre permanente. Plutôt que de comprendre les racines de cette rage et d’essayer de l’atténuer, nous avons échafauder des mécanismes sophistiqués de sécurité et de surveillance, entériné des lois autorisant des assassinats ciblés et la torture des faibles, mis en place des armées modernes et des machines de guerre industrielle afin de dominer le monde par la force. 

Il ne s’agit pas de justice. Il ne s’agit pas de liberté, ni de démocratie. Il ne s’agit pas de liberté d’expression. Il s’agit de la folle détermination des privilégiés à survivre au dépens des pauvres. Et les pauvres le savent. 

L’État islamique, tout comme Al-Qaida, est notre Frankenstein. Après une décennie de guerre en Irak, nous autres Américains avons assemblé son corps pièce par pièce. Puis d’une décharge, nous l’avons animé. Nous l’avons plongé dans un bain de sang et de traumatisme. Et nous lui avons donné une intelligence. Épris de vengeance et de guerre, son coeur sombre et vicieux est notre coeur à nous. Il est avide de conquêtes, tous comme nous. Il construit un État mû par la haine de l’occupation américaine : résultat de la mort, de l’horreur et de la destruction que nous avons semées au Moyen-Orient.

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