L’Occident terroriste. D’Hiroshima à la guerre des drones – 2015

Noam Chomsky

Dans les années 1950, les stratèges américains s’inquiétaient vivement de la possibilité de voir l’Europe devenir ce qu’ils qualifiaient de troisième force, une zone de plus en plus indépendante des deux super-puissances. C’est entre autres pour prévenir une telle évolution qu’on a créé l’OTAN. 

On a présenté l’OTAN comme une force militaire vouée à protéger l’Europe des hordes soviétiques. Cette affirmation m’a toujours semblé peu convaincante, et le sort qu’a connu l’organisation dans la foulée de la chute du mur de Berlin, en 1989, est très révélateur à cet égard. À quoi pouvait bien servir l’OTAN maintenant qu’il n’y avait plus de hordes soviétiques? En se basant sur la doctrine officielle, on aurait pu prédire le démantèlement de l’organisation; on a plutôt assisté à son expansion. 

Georges Bush père et James Baker avaient conclu un accord avec Mikhaïl Gorbatchev, en vertu duquel une Allemagne unifiée pourrait se joindre à une alliance militaire occidentale, ce qui n’était pas de la tarte du point de vue de la Russie; en contrepartie, l’OTAN s’engageait à ne pas avance « d’un pouce vers l’est ». Mais l’Alliance atlantique s’est aussitôt tournée vers l’est. Gorbatchev en a été contrarié. On lui a expliqué qu’il s’agissait seulement d’un accord verbal et que, s’il avait été naïf pour prendre ses interlocuteurs au mot, c’était son problème. L’OTAN s’est donc étendue vers l’est. 

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